L’OCNI de la semaine : Greyston Bakery

L’OCNI de la semaine : Greyston Bakery

L’OCNI de la semaine : Greyston Bakery 1024 683 Altavia

Fondée en 1982 par Bernie Glassman, ingénieur aéronautique devenu moine bouddhiste, l’entreprise sociale Greyston Bakery, spécialisée dans la préparation de produits de boulangerie, s’engage à fournir des emplois et à former professionnellement les personnes qui rencontrent des difficultés à trouver du travail.


Une politique de recrutement révolutionnaire

Les premiers candidats à postuler sont les premiers à être engagés. C’est le principe du programme nommé Open Hiring® (« recrutement ouvert ») lancé par Greyston Bakery, investissant ainsi le potentiel humain. Aucun CV à présenter, nul extrait de casier judiciaire à dévoiler. Seule la réactivité est récompensée.
Une politique de recrutement révolutionnaire et innovante, qui fait partie intégrante de l’ADN de l’enseigne, qui la considère comme un élément fondamental de sa stratégie. « Nous ne recrutons pas des gens pour faire des brownies, nous préparons des brownies pour recruter des gens » est l’une des devises du fabricant américain de brownies, qui fournit notamment Whole Food et le glacier Ben Jerry’s.
Aux USA plus de 6 millions de personnes sont au chômage et un processus de recrutement classique est évalué à plus de 4000$.


Une dynamique d’inclusion payante

« En renonçant aux vérifications des antécédents, nous menons la bataille en montrant aux entreprises que passer à un modèle d’inclusion plus progressif est payant » a déclaré Mike Brady, PDG de la marque, par l’intermédiaire d’un porte-parole. En 2019, Greyston Bakery enregistrait un chiffre d’affaires de 22 millions de dollars.


Une réinterprétation du rêve américain

La stratégie de recrutement de Greyston Bakery permet aussi, très certainement, d’identifier des profils « Haut potentiel » qui seront, demain, de futurs cadres supérieurs. Une manière de réinterpréter le fameux rêve américain : une vie meilleure pour tous, et des opportunités pour chacun. Un simple citoyen, partant de rien, peut faire fortune aux États-Unis, le pays de tous les possibles.


Une réponse au prochain bouleversement du marché du travail ?

La politique Open Hiring® peut être appréhendée comme un début de réponse au bouleversement que le marché du travail va connaître, dans les sociétés occidentales.
Comment, demain, les entreprises pourront-elles identifier et attirer les talents si le niveau de chômage baisse de manière drastique ? Olivier Passet, directeur des synthèses chez Xerfi explique que « le premier élément de rupture, est l’accroissement de la population en âge de travailler. En régime de croisière, il est clair que la hausse de la population active est bien moindre aujourd’hui qu’hier. Et cela pour longtemps compte tenu de l’arrière-plan démographique. In fine, en période de croissance, il faut aujourd’hui moins de 100 000 créations d’emplois pour diminuer le nombre de chômeurs, quand il en fallait 200 à 300 000 dans les années 2000 ». Avec le numérique, le vieillissement de la population et la problématique de la dépendance, nous assistons à une explosion des petits emplois de service et de logistique, à faible productivité.
Le fait est que la politique de recrutement adoptée par Greyston Bakery inspire d’autres marques. L’enseigne de cosmétiques anglaise The Body Shop a déclaré pratiquer, à son tour, le « recrutement ouvert ». Un modèle également pour toutes les entreprises à mission*, qui naissent actuellement.
Cependant, une politique d’Open Hiring® nécessite un management sans faille, capable de former, et d’accompagner les nouveaux collaborateurs. Est-il vraiment possible d’appliquer une telle politique de capital humain pour des postes à haute valeur ajoutée, faisant appel à des compétences et des expertises exigeantes ?
*Nouvelles formes de sociétés commerciales qui se fixent statutairement, en plus du but lucratif, une finalité d’ordre social ou environnemental.


Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia