Fondée il y a huit ans, l’Agence du Don en Nature s’est donné pour mission de lutter contre l’exclusion par le don de produits neufs. Son credo : innover sans cesse pour permettre l’accès au plus grand nombre à des produits non alimentaires de nécessité courante et permettre ainsi à ces personnes de se sentir de nouveau insérées dans la société.
Entretien avec Stéphanie Goujon, Directrice Générale de l’association.
Quelle a été la genèse de l’Agence du Don en Nature et quelles sont ses missions ?
Chaque année, en France, des entreprises sont contraintes de détruire des stocks d’invendus non alimentaires : des produits du quotidien comme, par exemple, de la lessive, du shampoing, des fournitures scolaires etc. Or, dans le même temps, près de 9 millions de personnes, parmi lesquelles 3 millions d’enfants, vivent sous le seuil de pauvreté et n’ont justement pas accès à ces produits de nécessité courante. C’est sur ce double constat que l’Agence du Don en Nature, qui est une association reconnue d’intérêt général, a été créée il y a huit ans, au travers d’une plateforme à la fois logistique et numérique, qui permet de récupérer ces stocks de produits neufs invendus auprès des entreprises, de les stocker dans un entrepôt et, enfin, de les mettre à disposition sur un catalogue en ligne et de les distribuer aux plus démunis en s’appuyant sur le tissu associatif local. L’Agence du Don en Nature travaille avec 750 associations et établissements de lutte contre l’exclusion.
Vous l’aurez compris, notre mission sociale, c’est de contribuer à la lutte contre l’exclusion par le don de produits. Il est vrai que lorsque l’on pense à la précarité, on s’attache d’abord à l’accès au logement et à la nourriture. Ce qui est normal. Néanmoins, il existe une série d’objets du quotidien qui sont importants pour se sentir inclus, inséré, pour se sentir dans la norme. Et le fait qu’il s’agisse de produits neufs, en complément d’autres actions formidables qui existent sur de la seconde main, contribue aussi à un gain de fierté pour la personne qui les reçoit parce que ce ne sont pas des produits dont on n’a pas ou plus voulu. Nous avons reçu des témoignages en ce sens comme, par exemple, des papas fiers de pouvoir offrir des jouets neufs à leurs enfants à Noël, ou des femmes, qui ont pu s’habiller avec des vêtements neufs et gagner ainsi un supplément de confiance, pour chercher du travail notamment. C’est un petit pas vers l’insertion qui donne de l’assurance au-delà de l’aspect fonctionnel du produit. En ce sens, nous aidons les personnes à vivre, pas à survivre.
Quelles actions concrètes vous permettent de récolter toujours plus de produits pour les plus démunis ?
Aujourd’hui, les entreprises gèrent de mieux en mieux leurs stocks, ce qui a pour conséquence de réduire le surplus de produits. C’est pourquoi, l’an dernier, nous avons ouvert les dons au grand public. Nous avons proposé un projet qui a été soutenu par Google et qui est actuellement en phase de test avec carrefour. Nous avons imaginé la version 2.0 de la collecte en supermarché : quand vous achetez un shampoing sur carrefour.fr, vous pouvez également en acheter un pour un plus démuni.
Ce nouvel axe d’action nécessite de gagner en visibilité et a ainsi incité, en 2016, le lancement d’une campagne d’affichage et de spots télévisés.
https://www.youtube.com/watch?v=JcHrkAfoAKQ&list=PLupC79Y5LidRX6Wh4MiR0lsTpgg9rlQx3
Quelles sont vos principaux enjeux pour les mois à venir ?
Toujours pouvoir croître, dans une logique de responsabilité. Aujourd’hui, nous touchons 900 000 personnes à peu près, alors que notre pays compte près de 9 millions de personnes dans le besoin. Vous voyez qu’il y a encore beaucoup à faire ! Nous souhaiterions donc doubler les dons en trois ans. Et pour ce faire, nous devons davantage nous faire connaître. Les dispositifs que nous avons mis en place à destination du grand public ont pour but de servir cet objectif. Parallèlement à cela, nous cherchons toujours à innover en collaboration avec nos mécènes.
Quelles relations entretenez-vous au quotidien avec vos mécènes ?
Tous nos donateurs sont fidèles, à l’instar de L’Oréal, Procter & Gamble, Celio, Etam, Carrefour, ou encore Seb, qui a toujours été très présent. Nous avons un crédo qui résume bien notre philosophie : moins de gaspillage, plus de partage. Et c’est vrai que ce qui plaît beaucoup aux entreprises, c’est cet aspect à la fois social et environnemental, qui cadre parfaitement à la RSE.
La course des héros représente aussi une manière très concrète d’impliquer les gens et ce sont de beaux moments de partage. On innove avec l’optique de construire ensemble, de ne pas forcément arriver avec des concepts préfabriqués. Nous essayons de comprendre la stratégie de nos entreprises donatrices pour pouvoir, ensemble, inventer des projets qui fassent sens des deux côtés. C’est par ce biais que nous avons pu, par exemple, mettre en place des ateliers relooking avec Etam et Comptoir des Cotonniers, ainsi que des ateliers de remobilisation vers l’emploi avec Randstad.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre partenariat avec le groupe Altavia ?
Altavia est l’un de nos mécènes pionniers. Le groupe fait partie de la petite dizaine de donateurs et d’associations qui nous ont soutenus dès le démarrage. Il faut avoir de la vision et un engagement sincère pour cela !
Comment cette collaboration est-elle née ?
C’est avant tout une histoire de rencontres. A l’époque, notre fondateur, Jacques-Etienne de T’Serclaes, et l’un de nos administrateurs historiques, Franklin Berrebi, connaissaient bien le Président du groupe Altavia, Raphaël Palti. Lorsqu’ils lui ont présenté le projet, il y a tout de suite eu une adhésion. C’est ainsi qu’a démarré notre partenariat, sous la forme d’un mécénat de compétences.
Vous souvenez-vous du tout premier travail mené par Altavia pour l’Agence du Don en Nature ?
Un jour, nous nous sommes dit qu’il nous faudrait un Rapport d’Activité et Franklin Berrebi a tout de suite pensé à Altavia. Nous savions qu’il y aurait un réel engagement, puisqu’Altavia soutenait déjà de beaux projets. C’était dans ses gènes. Nous avons aussitôt reçu un accord de principe. C’est ainsi qu’Altavia a réalisé notre tout premier Rapport d’Activité. Il s’agissait d’un très joli petit objet. Nous avons beaucoup apprécié de bénéficier d’un vrai conseil, d’un réel savoir-faire et d’obtenir, au final, un objet original et beau !
Au fil des années, nous avons pu élargir notre partenariat, en participant, entre autres, à des événements internes au groupe, pour pouvoir communiquer sur notre engagement auprès des collaborateurs. C’est allé chaque année un cran plus loin. En 2016, Altavia a participé à notre campagne de sensibilisation auprès du grand public en prenant en charge la production des éléments d’affichage. Sans oublier la participation d’Altavia à la Course des Héros !
Ce qui est formidable pour nous, c’est que cela nous permet aussi d’innover ! Chaque année on réinvente, on fait des choses nouvelles : nous venons de refondre notre charte graphique par exemple. Et je suis persuadée que nous aurons encore de nouvelles idées l’année prochaine !
A propos de Stéphanie Goujon
Directrice générale de l’Agence du Don en Nature, Stéphanie Goujon a participé au lancement de l’association en 2009.
En 2013, Stéphanie Goujon a été élue, par son engagement, Femme en Or catégorie Environnement. Elle est aussi membre du Conseil Economique, Social et Environnemental.