Les parts de marché de Lidl et Aldi progressent en France, portées par les inquiétudes concernant le pouvoir d’achat mais aussi par leur premiumisation. Les deux enseignes s’éloignent petit à petit d’un concept de « hard discounter » et semblent créer et revendiquer un segment à part entière de la grande distribution, plus statutaire, tout en offrant non plus les prix les plus bas mais le meilleur rapport qualité prix.
12% de parts de marché
Lidl et Aldi passent en ce début d’année et en cumulé à 10% de parts de marché. Une progression de 3 points en 4 ans et +0,8% supplémentaires rien que sur le mois d’avril 2022.
Cette part représente même plus vraisemblablement 12 %, si on prend en compte la bascule progressive des 500 magasins Leader Price chez Aldi et l’arrivée de nouvelles enseignes comme les 26 magasins low-cost de Carrefour baptisés Supeco ou encore Norma et ses 71 magasins en France.
12% ? Un taux qui se rapproche de plus en plus de celui record enregistré en 2000, lorsque la première génération des Hard-discounters représentait 14% de parts de marché en France. A cette époque, si les clients acceptaient de faire des concessions en termes de qualité et d’expérience en magasin (palettes en rayon, cartons apparents, modèle social…), l’engouement était encore mesuré, contré par le lancement opportun de produits premier prix par la distribution française.
En Allemagne, berceau d’Aldi et Lidl, le discount écrase aujourd’hui tous les autres réseaux, avec 40 % de parts de marché. Personne n’envisage un tel scénario en France, où le taux de 15% pourrait néanmoins être rapidement atteint, avec moins d’acteurs et des concepts magasins totalement différents.
Une progression dans un contexte qualitatif : plus de complexe à aller chez Lidl !
Le succès grandissant de Lidl et Aldi s’explique d’une part par la nécessité d’économiser ressentie par un nombre croissant de Français, confrontés au phénomène du Trading down : ceux qui achetaient auparavant une Marque Nationale se mettent à acheter une MDD et ceux qui se tournaient encore hier vers une MDD se rendent chez Lidl.
D’autre part, la premiumisation de ces enseignes, lancée depuis quelques années par le leader Lidl, s’avère payante. Chez Aldi par exemple, les produits sont maintenant mis en scène et le bio a fait son entrée dans les rayons. L’acte d’achat dans ces enseignes est déculpabilisé.
Enseignes désormais matures, orchestrant une véritable montée en gamme, Lidl et Aldi et le petit nouveau en France Supeco incarnent aujourd’hui un segment à part entière de la grande distribution. A suivre de près.