Si Alexandre Guénon est connu chez Altavia Paris comme Responsable Achats MD, il l’est un peu moins sous son nom d’artiste : Alex Tréma, pochoiriste urbain, reconnu dans le milieu du street art, depuis maintenant 7 ans. Rencontre avec un globe-trotter généreux, qui offre son art dans la rue, à qui sait lever le bout du nez.
Comment avez-vous découvert le pochoir urbain ?
J’ai toujours pratiqué des activités artistiques, à côté de mon travail. J’ai dessiné des meubles et en ai produit quelques-uns ; j’ai également fait de la peinture. De manière générale, j’ai toujours été attiré par l’art urbain. Et il y a sept ans, j’ai découvert la technique du pochoir.
Tous les deux ans, pour son anniversaire, j’emmène mon fils à l’étranger, à la découverte d’une nouvelle ville. Pour ses 14 ans, nous sommes allés à Berlin. J’avais réservé un street art tour, dont la dernière étape était un atelier pochoir. Cela m’a beaucoup plu.
Parallèlement à cette découverte, pour mes 40 ans, je me suis offert une œuvre de l’artiste lillois Mimi The Clown. Nous avons fait connaissance et gardé contact. Lorsque je lui ai fait le récit de ma rencontre avec le pochoir urbain, il m’a lancé « Et pourquoi tu n’essaierais pas ? ». J’ai immédiatement repoussé cette idée, persuadé que je n’obtiendrais aucun résultat. « Au pire, si c’est raté, tu remets du blanc et tu recommences ». Sa phrase m’a beaucoup marqué et m’a libéré.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans cet art ?
C’est une technique assez accessible : on peut choisir de faire un texte ou un visage en une seule couleur et cela dégagera déjà quelque chose d’intéressant. D’ailleurs, le fait que le résultat ne se révèle que lorsqu’il est trop tard, que tous les pochoirs ont été découpés et peints, me plait aussi beaucoup.
De retour de Berlin – et sur les conseils de Mimi the Clown – vous vous lancez donc dans le pochoir urbain…
Lorsque mon fils était au lycée, je le déposais en cours le samedi matin et j’allais coller mes pochoirs dans le quartier. Le virus ne m’a plus quitté et j’ai commencé à être un peu reconnu dans le milieu. Huit mois plus tard – en mai 2013 -, à New-York, j’ai lancé le projet « Take Me », qui ajoutait une dimension supplémentaire au fait de seulement peindre et coller dans la rue.
Sur quel concept repose le projet « Take me » ?
Je réalise, en amont, une peinture originale sur la base d’un pochoir, d’après un format 24x32cm. Je décline l’œuvre en 24 pièces – le pochoir est le même mais la couleur du fond change –. Je range chaque pochoir dans une pochette calque, sur laquelle est écrit « Take me ». Je scotche chacune d’elles dans la rue, sur les murs, les bancs publics, les réverbères… Et les passants qui les trouvent peuvent les garder en cadeau. Ma seule demande s’ils le souhaitent : m’envoyer une photo de leur trouvaille, dans la mise en scène de leur choix.
J’ai donc lancé « Take Me » à New-York, en pensant qu’il s’agirait d’une expérience unique. Durant 9 jours, j’ai posé des pièces, au gré de mes évolutions dans la ville. Et dès le premier jour, j’ai reçu le mail d’une jeune femme fan d’art urbain, ravie d’avoir trouvé l’une de mes pièces. Au moment de repartir, sur les 24 pièces, 8 retours m’étaient parvenus. Une fois rentré à Paris, j’ai eu très envie de retenter l’expérience.
Et en effet, depuis, vous n’avez jamais cessé vos escapades artistiques
Depuis mai 2013, j’ai offert 800 pièces dans la rue et reçu 180 mails en retour. J’ai visité 13 pays, 3 continents, 25 villes. J’ai déjà eu un retour 4 ans après l’édition de Barcelone ! Et une pièce, trouvée à Paris a été rapporté et prise en photo à Melbourne, en Australie. Certaines œuvres sont détruites par la météo, d’autres ne sont peut-être pas aimées et jetées, mais cela fait partie du projet.
La dernière destination où le projet « Take me » a élu domicile ? La Rochelle, où j’ai parcouru 36 kilomètres en deux jours et demi !
Et il y a eu, à deux reprises, la version collective « Take us »
Pour les 1 an et les 5 ans du projet, j’ai en effet décidé d’inviter des artistes de grande renommée et que j’admire beaucoup, comme Speedy Graphito, qui a offert une pièce d’une valeur de 1500 euros. J’ai également sollicité Jacques Villeglé, un grand artiste de 92 ans à l’origine du mouvement des affichistes, qui a fait don de 22 pièces pour le projet des 5 ans. CharlElie Couture a également participé. De belles signatures, qui ont apprécié le côté très simple et créateur de liens du projet.
Quelle est la prochaine ville où vous offrirez vos œuvres ?
Direction Madrid, à la rentrée prochaine ! Parallèlement au projet « Take Me », je suis Président de l’association d’art urbain « PARTcours », créée avec Raf Urban et hRLck, en juin 2018. En décembre dernier, avec 25 artistes nous avons ainsi investi un gymnase et reçu la visite de 3700 amateurs d’art, en 22 heures d’ouverture. Le prochain projet aura lieu dans une école maternelle, à Joinville-le-Pont, en octobre 2019. On se voit là-bas ?